LE RENFORCEMENT POSITIF (R+)
Dans l’éducation canine, il y a plusieurs méthodes pour conditionner un nouveau comportement ou le contre-conditionner. Que ce soit une simple capture de l’instant où le chien propose un exercice, d’un apprentissage par mimétisme ou bien par expérience, un renforcement ou une diminution du comportement se produit. Dans le vocabulaire de l’éducation canine, on parle de conditionnement. Dans l’éducation canine bienveillante, on travaille surtout avec le renforcement positif (dit R+) et – un terme un peu dur – la punition négative (dit P-). Ici, punition n’est pas une véritable punition et n’est surtout pas une méthode coercitive mais simplement un terme théorique. 🐾
Le renforcement positif dans l’éducation canine se passe comme ceci : on ajoute quelque chose d’agréable pour le chien afin que le comportement qu’il propose se produise plus souvent et plus facilement. C’est toujours plus simple avec un exemple. Le conditionnement a été, par le passé, testé sur des souris – et sur pleins d’autres animaux bien-sûr. Mettons une souris dans une boîte avec, à l’intérieur, un récipient et un bouton. Il est évident que la souris ne sait pas à quoi sert tout ça mais, à force de chercher comment s’échapper, elle appuie sur le bouton et de la nourriture tombe dans le récipient. La souris mange la nourriture car cela fait partie de ses besoins primaires et de son instinct de survie. À ce stade, la souris n’a pas encore associé le bouton à la nourriture. Elle cherche puis appuie à nouveau sur le bouton. La nourriture tombe. Elle cherche encore pourquoi mais, plus vite que la deuxième fois, elle appuie et est récompensée. Les fois suivantes, elle commence à comprendre que le bouton amène quelque chose d’agréable. Ce conditionnement fait en sorte que le comportement se répète encore et encore. 🧐
Les méthodes modernes de l’éducation canine utilisent le même procédé. Pour faire simple, apprenons ensemble le mot « assis » à notre chien en l’aidant un peu. Pour l’exemple, notre chien saura à l’avance ce qu’il peut recevoir : la friandise. Pour optimiser l’apprentissage, on lui apprendra directement le geste avec la main. Guidons ensemble notre chien pour qu’il s’assoit. À l’instant précis où il pose ses fesses au sol, je marque avec mon beau et joyeux « Oui ! » avant de le récompenser de ma bonne récompense. Si je réitère l’exercice plusieurs fois, il va associer le geste et la demande à une récompense. On a là un renforcement positif car j’ajoute quelque chose d’agréable pour que mon chien reproduise le comportement demandé. Le bouton pour recevoir la friandise est le moment précis ou le chien pose ses fesses au sol. 🍬
Et si j’arrête de lui donner des récompenses ?
Si j’arrête définitivement de lui donner la friandise, je lui enlève quelque chose d’agréable, on entre dans la théorie de la punition négative. Le fait de ne plus du tout lui donner amène à la réduction du comportement et à l’extinction. Mon chien ne s’asseyera plus à ma demande, ou du moins, il n’aura plus de motivation. C’est pour cela que la récompense ne disparaîtra jamais complètement. On pourra diminuer la fréquence mais si j’arrête totalement, mon chien n’aura plus d’intérêt à répondre à ma demande.
Mon chien va sur tout le monde ! Mais je n’ai jamais voulu ça !
Le chien n’est pas bête. Il est même très intelligent. Il s’auto-satisfait sans avoir forcément besoin de son humain. Cela peut amener à des comportements qui ne conviennent pas à son propriétaire. On lui apprend, au fil de son éducation canine, des choses à faire et à ne pas faire. Le chien, lui, renforce de nouveaux comportements qui peuvent être indésirables. Par exemple, si lorsqu’il est chiot je contrôle toutes les rencontres avec les personnes inconnues, je peux lui apprendre à se conduire normalement avec elles. Un exemple tout simple avec les chiens des rues dans certains pays d’Europe. Ceux-ci ne s’approchent généralement pas des gens. En fait, les personnes les ignorent (ou les chassent) et, le fait d’ignorer n’amène pas quelque chose d’agréable. Dans ces cas, aucun comportement indésirable se produit comme le fait d’aller au contact pour se faire caresser.
Mais je n’ai pas un chien des rues !
Le principe est le même mais c’est moi qui mets les règles. Les personnes se doivent d’ignorer, de ne pas s’approcher ni de regarder mon chien dans les yeux car, d’une part, ce n’est pas poli et, d’autre part, je veux apprendre à mon chien de se conduire normalement. Si je ne fais pas ça et que je le laisse aller vers la personne qui lui donne de l’attention, il se produit un auto-renforcement positif d’un comportement qui deviendra, par la suite, indésirable. Voici ce qu’il se passe dans ce renforcement positif : la personne donne de l’attention, attire mon chien, mon chien va vers cette personne et est récompensée non pas par une friandise mais par les caresses et l’attention de la personne. En répétant ceci avec pleins de personnes, mon chien renforce ce comportement indésirable et apprend à aller vers tout le monde pour se faire récompenser. Il n’aura pas appris à s’auto-contrôler en présence d’humains. 🐶
Et si je veux quand-même que certaines personnes le caressent ?
Alors il va falloir faire une demande à son chien ou simplement attendre qu’il s’assoit de lui-même avant de venir le toucher. Mais pas tous les chiens aiment se faire toucher et on ne forcera jamais un chien à se faire caresser. Le meilleur moyen pour savoir si un chien aime se faire caresser est le test de consentement. Dans notre cas, pour la personne qui souhaite le caresser, mettre en place un exercice de soins coopératifs en travaillant le toucher respectueux de l’inconnu en échange de quelques friandises pourrait être une alternative adéquate. On travaillera donc un renforcement positif constructif à la place de sur-stimuler un chien qui n’a pas forcément envie de se faire toucher.
En conclusion !
Le renforcement est l’une des grandes bases actuelles dans l’éducation canine moderne. On travaillera avec clarté afin que le chien comprenne bien ce qu’on lui demande. On ignore généralement les mauvais comportements en retirant quelque chose d’agréable (P-) et on récompense les comportements que l’on souhaite en ajoutant quelque chose d’agréable.
Pour partager cet article à tes amis, c’est ici :

Texte rédigé par David Gay de L’Aube Canine
© Tous droits réservés
